vendredi 18 mars 2016

Crème riche au chocolat

J'ai des beaux souvenirs d'enfance de la fête de Pâques. Chercher les cocos avec son petit panier et se dépêcher, car la petite soeur est futée et rapide, elle rafle tout... Le calme du printemps qui s'installait, la lumière naturelle qui changeait, ce dimanche à voir des parents pas-comme-d'habitude, puisqu'on pouvait se gaver de chocolat sans que personne n'intervienne pour nous rappeler d'être raisonnables...

Pour toutes ces raisons, j'ai eu envie de mettre en pratique mes récentes connaissances acquises pour faire une crème riche, une crème qui fait du bien et qui sent quoi, d'après vous? Hé hé!

D'abord, j'ai un peu changé ma façon de faire des crèmes. Je vais d'ailleurs retravailler à fond l'article Crème 101, quand je trouverai le temps. J'ai appris quelques stratégies pour que la crème tienne et pour optimiser sa conservation. Par respect pour les droits d'auteur, je ne dévoilerai pas tout, puisqu'un cours existe et qu'on peut le trouver ici. J'ai fait ce cours et j'ai aussi lu avec beaucoup d'attention le blog de Susan Barclay Nichols.

Alors laissez-moi vous résumer ce qui a changé :

1) Je fais chauffer ma phase aqueuse à 75ºC pendant 20 minutes avant de la mélanger à ma phase huileuse. Pourquoi? Je cite J. Barber : "This will kill some of the non-endospore forming bacteria". Je rectifie l'eau perdue au chauffage en pesant le tout (tasse incluse) avant et en re-pesant après. J'ajoute ce qui manque avec de l'eau distillée chauffée à part. C'est important de rectifier, car on pourrait se retrouver avec trop de conservateur pour la quantité prévue, et moins de crème!

2) J'utilise un co-émulsifiant avec l'émulsifiant. Pour les crèmes légères, un peu de gomme xanthane en plus du couple émulsifiant + co-émulsifiant, ajoutée à la phase huileuse (magnifique stratégie de Jane Barber! Ça évite les grumeaux!).

3) J'ai accepté (et croyez-moi, ça a été tout un processus de deuil) d'inclure de 0,1 à 1% de "non-naturel" pour la conservation. Je mélange Optiphen + Cosgard OU j'utilise Germall Plus pour les produits à rincer. Pour plus d'infos : voir ici et ici. En faisant ce choix, j'admets et j'accepte que "chimique" ne veut pas systématiquement dire "toxique" et que la santé peut être plus en danger avec un produit mal conservé qu'un produit contenant à peine 1% de conservateur. C'est mon choix.

4) J'ai accepté, dans le cas où j'utilise seulement des conservateurs certifiés Eco-cert ou naturels, de ne pas utiliser d'hydrolats, de gel d'aloès ou miel dans ma phase aqueuse. Si une chimiste (Jane Barber) appelle ça du "bug food" (nourriture pour bactéries), je choisis de la croire, puisque moi, j'ai pas de labo à la maison pour vérifier.

5) Mon envie de plante reste importante, alors je ne me prive pas d'utiliser mes macérations huileuses. Par exemple, au lieu d'un HA de camomille, je vais utiliser une macération de camomille allemande sur huile de jojoba ou coco fractionnée...

6) Je ne force plus le refroidissement de l'émulsion en mettant mon contenant dans un bac d'eau glacée.

7) J'utilise un bras mélangeur puissant et je mélange presque tout le temps jusqu'à refroidissement de la crème (oui, c'est loooooong!).

Bon, parlons chocolat, maintenant!


La formule pour cette crème a été très largement inspirée par une des recettes de la formation mentionnée ci-haut. Parce que je suis respectueuse du travail des autres, c'est une recette pour soi, une recette bonbon. Je serais vraiment très déçue que quelqu'un s'en serve pour des fins de vente. À bon entendeur, salut!

Phase aqueuse

Eau distillée 58%
Glycérine végétale 5%
DL-panthénol en poudre 1%

Phase huileuse

Beurre de cacao PPP (pure prime pressed) qui-sent-le-ciel 10%
Huile de son de riz 12%
Oléine de karité 2%
Polawax (émulsifiant NF) 7%
Alcool cétylique 4%

Conservateur et ajouts

Conservateur ou mélange de conservateurs de votre choix % recommandé
Fragrance au chocolat sans phtalates (NDA) 0,3%
Fragrance naturelle à la noix de coco (âmes fleurs) 0,1%
Vanille 5 fold (Coop Coco) 0,1%

PHASE AQUEUSE

Peser les ingrédients de la phase aqueuse, puis peser la totalité (contenant inclus) avant de chauffer au bain-marie. Voici mes astuces :

- J'ai un thermomètre avec une alarme programmable qui sonne quand la température désirée est atteinte. Je le règle à 75ºC.

- Le thermomètre a aussi un "timer"/ système de minuterie (merci Anne!) que je peux régler quand la température souhaitée est atteinte. Je le règle à 20 minutes en laissant le thermomètre dans la préparation, pour surveiller que la température reste constante.



- Je garde une bouilloire d'eau chaude pas loin pour en ajouter au bain-marie bouillonnant si nécessaire.
- Je prépare un contenant stérilisé avec de l'eau distillée que je fais chauffer à part, en prévision d'un ajustement.


J'ai appris qu'on peut aussi ajouter 10% d'eau en plus dans la quantité au départ. D'une façon comme d'une autre, on vérifie en re-pesant le tout ensuite. Il y a, bien sûr, plusieurs façon de parvenir au même résultat...

PHASE HUILEUSE

Pendant que l'eau chauffe, peser les ingrédients de la phase huileuse


Environ 5 à 8 minutes avant la fin du 20 minutes, chauffer la phase huileuse séparément au bain-marie jusqu'à atteindre 70-75ºC. Tout est dans le timing à ce moment-là, il faut s'organiser pour que les 2 phases soient à la même température, en ayant eu le temps de rectifier l'eau, si on le fait à cette étape (on peut aussi le faire en pesant la préparation à la fin, mais il faut savoir avec exactitude combien pèse le contenant).

Joindre les deux phases et mixer vigoureusement jusqu'à refroidissement. Cette fois, j'ai pris le mini-mixer, car c'est une petite quantité, mais il ne fait pas la job jusqu'à la fin. Quand la crème épaissit, il n'est pas assez puissant. Alors j'ai utilisé une cuillère en silicone et un fouet en alternance, avec de l'huile de coude!

Sous 45ºC, ajouter le conservateur et les fragrances, puis battre à nouveau.

Ça a donné une belle crème bien épaisse qui sent le dessert. Aussitôt faite, aussitôt testée : ça embaume et ma peau a tout bu. Texture très agréable, s'étend bien, pénètre assez rapidement. J'adore. Si c'était à refaire, je laisserais tomber les fragrances de noix de coco et de chocolat, le beurre de cacao embaume déjà et il gagnerait à être rehaussé de 4 petites gouttes de vanille 5 fold, tout simplement.

Assez contente, somme toute!



Un merci tout spécial à Gingembre pour la délicate cuillère de nacre! ^_^

Et vous? Êtes-vous inspirés par cette fête qui marque le printemps? Qu'est-ce que vous fabriqueriez sous ce thème-là?

Références :
http://www.makingskincare.com/
http://swiftcraftymonkey.blogspot.ca/

vendredi 4 mars 2016

Calendula et agrumes + festival de la récupération!

La vie roule à un rythme fou et si je poursuis dans mes découvertes cosmétiques, je manque de temps pour venir vous en parler. Disons que j'ai décidé de m'instruire auprès d'une dame chimiste anglaise et que du coup, je repars à zéro en fabrication de crème. Je reviendrai partager quelques-unes de mes explorations, promis...

Aujourd'hui c'est SAVON!

(Encore? Bah oui ENCORE!)

Je vais le dire tout de suite : je ne suis pas fan du tout des végétaux intacts dans les savons. J'ai eu un savon aux pétales de calendula et il se défaisait en mille pétales dans la douche. J'ai pas trop aimé.

Mais là, je venais de filtrer une macération de calendula et je n'avais pas envie de balancer ces beaux pétales à la poubelle. Surtout quand on sait que c'est une des rares fleurs qui conserve sa belle couleur après le passage de la soude!


Avec l'anniversaire du plus jeune cette semaine, il est resté du lait de beurre. L'idée me plaît : un savon aux pétales broyées et au babeurre. Pour rendre hommage à la couleur orange : 3 huiles essentielles d'agrumes et un peu de benjoin. On veut du doux, alors une formule à forte concentration en huile d'olive...

Huile d'olive extra vierge 62,5%
Beurre de babassu 15%
Beurre de mangue 15%
Beurre de karité 5%
Huile de noix de coco 2,5%

Soude concentrée à 31% diluée dans du lait de beurre préalablement mesuré et congelé
Surgras à 8%

Orange 5x (Saffire Blue) 2% pdh (poids des huiles)
Tangerine 5x (NDA) 2% pdh
Pamplemousse rose (NDA) 0,75% pdh
Benjoin (NDA) 0,25% pdh

C'est un savon qui a été facile à faire dans un laps de temps assez court, puisque la soude dans les glaçons de babeurre (en brassant pour éviter les grumeaux) donne rapidement un mélange à une température idéale. Comme je travaille à une température d'environ 25-30ºC, il a suffi d'attendre que les beurres aient fondu pour les incorporer à l'huile d'olive.

J'ai emprunté une partie des huiles pour broyer les pétales de calendula très finement et je les ai intégrés au mélange d'huile avant d'incorporer la soude-babeurre.

Ça donne ceci :




Le mot de mes dernières inspirations savonnesques, c'est récupération. Alors j'ai fait des savons au café qui sentent l'amande et le chocolat, des savons à la banane qui promettaient mais qui sont devenus tout bruns, des savons 100% olive sans parfum, des savons à la carotte pour bébés et peaux sensibles... On pourrait dire que le brun, le beige et l'oranger prédominent, avant les premiers bourgeons...

Un petit latte?



Choco-banane et ce qu'il devint...
(mais il est doux et il sent bon quand même!)

Oups!

Un tout olive à la manière de Patsch


Une carotte et du babeurre... Non parfumé.




Je retourne à mes crèmes maintenant, pendant que les savons sèchent et promettent de la douceur à la tonne...